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Mesurer la résilience

Présentatrice: Nancy Mock, Professeur, Co-directrice de l’Académie de Leadership en Résilience aux Catastrophes (Disaster Resilience Leadership Academy), Tulane University

Cette session a fourni aux participants des concepts, stratégies et méthodologies pour mesurer la résilience et ses déterminants. Une présentation d’ouverture a proposé un cadre conceptuel pour mesurer la résilience, y compris les facteurs systémiques qui caractérisent la résilience, tels que les chocs/risques, les actifs/capacités et les interactions entre les déterminants à échelles et niveaux multiples. Des approches de mesure, dont les méthodes quantitative et qualitative, se sont discutées, ainsi que des particularités des indicateurs, telles que leur degré de subjectivité ou objectivité. Des concepts systémiques tels que l’importance des conditions initiales, des points de basculement, du flux et de l’échelle ont fourni aux participants une approche pour mesurer les dynamiques changeantes qui exercent une influence sur les ménages. La session s’est achevée en donnant aux participants l’occasion de réfléchir à des questions essentielles à l’avancement du programme de la résilience.

La présentatrice a souligné qu’il n’existe pas d’indicateurs standard pour mesurer la résilience et que le processus est compliqué. Elle a décrit plusieurs approches à la mesure de la résilience. Celles-ci ont tendance à varier en fonction de la communauté de pratique (changement climatique, durabilité, aide alimentaire, aide humanitaire). Les indicateurs de l’USAID en matière de résilience se répartissent en cinq catégories : (1) les revenus et l’accès à la nourriture ; (2) les actifs ; (3) le capital social et les filets de sécurité ; (4) la nutrition et la santé ; et (5) la capacité d’adaptation. Le choix d’indicateurs à utiliser varie en fonction de l’objectif du programme.

La présentatrice a également souligné que la collecte de données pour mesurer la résilience peut coûter cher. Elle a observé que la résilience se mesure le plus souvent au niveau du ménage, mais qu’il est également important de la mesurer aux niveaux de la communauté et du système, puisque certains indicateurs, tels que le capital social, ne sont pas faciles à saisir au niveau du ménage. Elle a noté l’importance d’utiliser des approches à la fois quantitatives et qualitatives vu que certains facteurs aux niveaux supérieurs ne se reflètent pas dans les mesures quantitatives. Des mesures de la résilience doivent se poursuivre sur une période assez longue et des indicateurs différents doivent se choisir à différentes étapes du continuum de résilience—de la ligne de base jusqu’aux mesures des perturbations, de la résilience et du bien-être final.

Présentation 1

Présentation 2

Le va-et-vient entre les programmes de développement et les programmes d'urgence – les effets sur la santé et la nutrition

Intervenantes: Kerri Agee, Catholic Relief Services, République Démocratique du Congo (CRS/RDC);  Noro Hasina Ratsimbazafy, Coordinatrice en Résilience, SALOHI, Catholic Relief Services (CRS), Madagascar; Adriane Seibert, Spécialiste sénior en nutrition, Save the Children; Modératrice: Circe Trevant, Consultante indépendante

Dans beaucoup de pays, on traverse des urgences à court terme ou des cycles d’urgences prolongés. Pour les programmes de développement, les retombées sont multiples. Dans cette session, des présentateurs venus de trois pays différents (la RDC, le Madagascar et le Niger) nous ont parlé de leurs expériences et des effets des urgences sur la planification de leurs programmes, la communication avec les communautés, etc.

Niger: La présentatrice a expliqué que les urgences peuvent détourner les ressources du développement, dont la ressource humaine du personnel. Les programmes essaient d’appuyer la coordination entre les urgences et le développement, mais ce n’est pas toujours évident. La coordination des programmes doit démarrer au niveau de la communauté.

Madagascar: Le Madagascar est une île dont les catastrophes naturelles principales sont les inondations et les tempêtes, surtout dans le sud. Les meilleures pratiques en matière des urgences comprennent (1) relier les premières activités de relèvement (celles qui durent de 2 à 6 semaines) avec le programme afin de ne pas déranger la communauté et d’autres activités et (2) permettre à la communauté d’exercer un certain contrôle, afin qu’elle ne soit pas tributaire des ONG. Il existe également des défis, bien entendu, tels que la diffusion des informations dans les zones où les lignes téléphoniques ont été coupées ou les routes bloquées, ainsi que la coordination entre les équipes humanitaires et celles du développement, vu que leurs approches sont souvent différentes.

Congo: Quand le groupe M23 est arrivé en 2012, la crise s’est aggravée. Les routes étaient en très mauvais état, et la communication avec les bénéficiaires en a souffert. Par exemples,  des personnes non inscrites arrivaient pour recevoir des denrées, et l’insécurité rendait parfois impossible le transport des denrées. Les modifications apportées au programme comprenaient l’augmentation du nombre de centres de distribution alimentaire et le report de la distribution alimentaire à tous les deux mois au lieu de tous les mois. Les mères ont été déterminantes dans cet effort, facilitant le bon déroulement du programme et communicant des informations-clé en matière d’allaitement et de préparation d’aliments équilibrés.

 

La productivité et le changement climatique: l'aménagement et la restauration durables des terres

Présentateurs: Edwige Botoni, Experte en gestion des ressources naturelles, Comité Inter-Etats pour la Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS);  M. Mathieu Ouédraogo, Président, Réseau pour la Promotion des Approches Participatives (MARP–Burkina Faso); Modérateur: Tom Remington, Conseiller en agriculture pour l’Afrique, Catholic Relief Services (CRS)

Beaucoup de régions de l’Afrique, et surtout le Sahel, sont extrêmement vulnérables au changement climatique. Les variations pluviométriques, la dégradation des sols et la désertification sont des facteurs-clés qui affectent les moyens de subsistance locaux. Beaucoup de modèles climatiques prévoient que le Sahel deviendra plus sec au cours du 21e siècle, aggravant des conditions déjà difficiles. Empêcher les sols de se dégrader davantage et faire régénérer des sols déjà dégradés seront des tâches essentielles au développement de la région à long terme. 

Dans cette session nous avons discuté des innovations menées par les agriculteurs qui ont permis de transformer des sols arides du Sahel en terres arables, des initiatives telles que la régénération naturelle gérée par les agriculteurs. Nous avons évoqué également des leçons apprises et des opportunités pour les programmes de passer à l’échelle supérieure.

Parmi les innovations technologiques identifiées au cours de cette session se trouvent le creusement de tranchées pour augmenter l’infiltration d’eau, la culture des baobabs et l’utilisation de sacs en textile biodégradables.  On a également parlé de la régénération naturelle assistée (RNA) en tant que technologie d’agroforesterie qui favorise les rejetons des plantes.

Présentation 1

Présentation 2

 

L'entéropathie environnementale, les retards de croissance et les changements de comportement

Présentatrice: Bonnie Kittle, Consultante indépendante, Kittle Consulting

Des études récentes ont démontré l’existence d’un lien entre les mauvaises conditions sanitaires et les retards de croissance chez les enfants. Au cours de cette session on a présenté aux participants une introduction à l'entéropathie environnementale (EE), comment elle entraine les retards de croissance, quelles sont ses causes principales et comment les projets de sécurité alimentaire peuvent la combattre. Travaillant en petits groupes, les participants ont identifié les causes possibles de l’EE dans les zones d’intervention de leurs propres projets, ainsi que des stratégies pour les traiter qui sont adaptées aux réalités culturelles.

Les participants ont discuté de comment les enfants ingèrent les matières fécales, par exemple en jouant dans des endroits sales ou en utilisant la même source d’eau pour boire, se laver, nager, etc. Les participants ont parlé aussi de stratégies pour empêcher les enfants de manger des choses sales. Parmi les suggestions : utiliser des nattes propres, ne pas laisser les enfants sans surveillance, impliquer davantage les grands-mères dans le soin des enfants, augmenter la participation des maris dans l’approvisionnement en eau, exclure les poules de la cuisine et utiliser un parc pour enfants.

Présentation 

La gestion des risques: l'alerte précoce, le cycle de la sécheresse et outils-clés pour les praticiens 

Présentateurs: Idriss Leko, Gestionnaire principal en agriculture et moyens de subsistance, Programme d’Aide Alimentaire au Développement SAWKI, Mercy Corps Niger;  Abdou Karim Ouédraogo, Spécialiste régional en sécurité alimentaire, Réseau de systèmes d'alerte précoce contre la famine (FEWS Net), Afrique de l’Ouest; Clare Oxby, Chercheuse; Modérateur: Tom Remington, Conseiller en agriculture pour l’Afrique, Catholic Relief Services  

Les catastrophes naturelles, telles que la sécheresse et les inondations, aussi bien que les maladies animales transfrontalières, les crises économiques et les conflits civils, touchent beaucoup de régions de l’Afrique, y compris l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Traditionnellement, on a vu les catastrophes naturelles comme des désastres uniques qui exigeaient des réponses d’urgence. Cependant, il devient de plus en plus largement reconnu que les catastrophes naturelles, et surtout la sécheresse, sont parfois des évènements normaux et prévisibles pour lesquels on peut se préparer. Les systèmes d’alerte précoce et l’information, reliés aux changements adaptatifs préparés à l’avance, aux niveaux du projet et de la communauté, peuvent aider les gouvernements, les ONG, les communautés et les ménages à se préparer pour les conséquences négatives de ces évènements et réduire leur portée.

Au cours de cette table ronde, les intervenants ont discuté des systèmes d’alerte précoce aux niveaux régionaux et nationaux et au niveau de la communauté. Ils ont parlé des démarches réussies, des leçons apprises et des orientations nouvelles, ainsi que de l’application du modèle de gestion du cycle de sécheresse comme outil qui favorise la programmation adaptative et le renforcement de la résilience.

L’un des présentateurs a parlé de FEWS Net, dont l’objectif est de fournir des informations pertinentes et impartiales en matière de sécurité alimentaire. L’approche de FEWS Net consiste en trouver des preuves concordantes, élaborer le scénario, comparer les résultats et prendre des décisions efficaces. FEWS Net crée des partenariats avec des gouvernements locaux et d’autres organisations afin de diffuser les informations.

Au cours de la session, on a également discuté du Projet SCAP/RU, qui cherche à aider les communautés vulnérables à se remettre des chocs et des stress. Ce système d’alerte précoce, lancé au niveau du gouvernement national, est passé ensuite aux communautés locales, mais il reste encore du travail à faire en ce qui concerne la communication au niveau communautaire. Il faudra renforcer les capacités au sein des communautés locales afin que les gens puissent utiliser les outils disponibles. D’autres contraintes comprennent l’analphabétisme dans les communautés et le manque de bénévoles.

La session a également abordé le modèle de gestion du cycle de sécheresse comme outil qui permet au personnel de projet de mieux comprendre quelles activités il faut mettre en œuvre pendant les différentes phases de la sécheresse.

La prévention de la fraude dans la gestion des produits de base

Présentateurs: Hassan Ben Baha, Conseiller technique régional en produits de base, Catholic Relief Services (CRS);  Syon Niyogi, Directeur régional adjoint pour la gestion de la qualité, Catholic Relief Services (CRS) 

Chaque année des milliers de tonnes de denrées alimentaires, donnés par le Gouvernement des Etats-Unis, sont expédiés à des programmes à travers le monde. Cette aide alimentaire se distribue aux bénéficiaires le plus souvent par le truchement d’ONG partenaires nationales ou internationales s’appuyant fortement sur l’infrastructure et la capacité locales, qui varient d’un pays et d’une agence à l’autre. De la suffisance, ou insuffisance, de cette capacité dépend la quantité de nourriture qui arrive aux bénéficiaires prévus. Dans la majorité des pays les programmes d’aide alimentaire font face à des défis locaux de façon quotidienne. Ces défis peuvent relever de la sécurité, de la gouvernance, du manque de personnel qualifié ou d’une supervision inadéquate. Ils peuvent être internes ou externes. La nourriture fait parfois office d’argent liquide. Dans des situations de contrôles peu rigoureux, certains acteurs trouvent la tentation de la détourner très difficile à résister.

Et pourtant l’agence responsable devra payer au Gouvernement des Etats-Unis la valeur des denrées perdues, endommagées ou utilisée abusivement, à moins que l’USAID ne juge que la perte, l’endommagement ou l’utilisation abusive était impossible à éviter dans des circonstances raisonnables. Les gestionnaires principaux doivent assurer non seulement des freins et contrepoids adéquats mais aussi une surveillance étroite des programmes d’aide alimentaire. Dans cette session, les participants ont acquis une meilleure compréhension des risques et failles potentielles dans la gestion des denrées alimentaires. Ils ont appris à être plus vigilants en matière de prévention de la fraude dans la conception des programmes, dans le recrutement de personnel, dans l’élaboration des mécanismes de contrôle et dans le suivi et la surveillance des programmes d’aide alimentaire.

Le modérateur a démarré la session en soumettant les participants à un quiz pour évaluer leurs connaissances en matière de fraude et pour comparer leurs opinions de celle-ci à des données issues du terrain. Le présentateur a enchaîné avec une définition de la fraude, ses aspects variés et les démarches qu’on peut prendre pour gérer le risque résiduel. Les participants ont conclu la session en effectuant des exercices d’étude de cas en petits groupes.

Présentation 

Questionnaire